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À quoi pensent les jurés des concours ?

Jérôme Duez • avr. 24, 2022

La majorité des concours de la fonction publique ne comportent que deux épreuves : l’épreuve écrite dite de pré-sélection, suivie d’une épreuve orale pour la sélection finale. Les deux fois, selon quels critères les jurés choisissent-ils les gagnants ?

La réponse est simple, car les jurés n'ont qu'une seule question en tête : ai-je envie de travailler avec cette personne ? Et ils reçoivent beaucoup d’indices qui leur permettent de répondre à cette question.

Les multiples critères de sélection à l’épreuve écrite

Dans certains concours administratifs, le taux de réussite est inférieur à 5 pour 100. Parfois 5 pour 1000. Tout dépend du nombre de candidats et de postes à pourvoir. Plus le taux est sévère et plus les critères de présélection le sont.

 

Voyons ce qu’il se passe dans la tête d’un juré quand il lit une copie. Celle-ci est révélatrice de nombreuses informations sur la personnes qui rédige.

 

Le juré commence par voir l’allure de la copie. Est-elle propre ou sale ? Lisible ou non ? Le juré tire ses premières conclusions : copie sale = auteur peu soigné ; écriture illisible = mauvais communiquant. Le juré peut déjà décider de jeter la copie.

 

Ensuite, il regarde la dernière page, pour voir si la copie est terminée. Copie inachevée = la personne ne sait pas gérer son temps. Inutile d’en lire plus.

 

Si la copie est achevée, le juré lit les titres des parties, ou l’annonce de plan à la fin de l’introduction, pour voir si la personne répond bien au sujet ou si elle est hors-sujet. Hors-sujet = la personne est peu attentive à la commande, elle doit manquer de sens de l’écoute...

 

Et donc, en ne consacrant qu’une poignée de seconde à ses copies-là (improvisant une note entre 1 et 5 sur 20), le juré arrive à jeter 70 à 80% des copies !

 

Alors le juré est déprimé. Il se dit que le monde est nul, que le niveau baisse à un point désespérant... Aussi, quand il tombe sur une copie qui ne souffre d’aucun des défauts précédents, il veut lui mettre 20/20, ne serait-ce que pour se remonter le moral ! Bien sûr, au fil de sa lecture, il va retirer des points ici et là, mais son envie première aura des répercutions et il s’interdira de retirer trop de points. C’est pourquoi, généralement, il existe peu de notes moyennes dans les concours ; elles sont soit médiocres, soit excellentes.

 

Quand le juré daigne lire une copie attentivement, il reçoit encore beaucoup d’informations sur l’auteur. Il peut apprécier, outre son niveau en français, son aisance à rédiger et son niveau de clarté, sa méthode (condition absolue de réussite), son sens des priorités (la sélection des arguments, la qualité du plan), sa fiabilité (un rendu fidèle des propos d’origine, l’absence de contre-sens), son sens de l’initiative et des responsabilités (le candidat doit savoir se mettre "dans la peau" d’un fonctionnaire de catégorie B ou A).

 

À la lecture d’une note de synthèse, le juré peut juger la pertinence de l’analyse révélée par le choix de la problématique. Avec une note opérationnelle ou une note de problématique, il peut apprécier la force de proposition. (1)

 

Autant de critères permettant au juré d’avancer une hypothèse positive quant à son envie de travailler avec l’auteur de la copie. L’épreuve d’oral permettra de valider cette hypothèse.

 

Le critère ultime à l’oral

Pour repérer la perle rare à l’oral, le procédé est classique. Le jury est souvent composé de 3 membres : un gentil et un méchant qui posent tour à tour des questions, et une personne silencieuse et scrutatrice – mise en scène habituelle, pour voir comment la personne sur la sellette surmonte cette situation inconfortable.


Les premières questions sont faciles et la personne s’en sort généralement bien, d’autant qu’elle a préparé son épreuve pendant plusieurs mois. Mais fatalement, un juré finit par poser une question à laquelle elle ne sait pas répondre, et c’est là le moment décisif. D’ailleurs, le jury pose des questions jusqu’à atteindre ce moment, le seul qui l’intéresse vraiment.


Car les conditions de réussite vont résider dans la qualité du « je ne sais pas ». Si l’on répond en tremblant comme une feuille, avec des trémolos dans la voix ou la larme à l’œil, c’est terminé ! Les jurés n’ont pas envie de travailler avec quelqu’un qui perd ses moyens à la première tuile. Si la personne fait croire qu’elle sait alors qu’elle ne sait pas, et si elle joue au plus malin, c’est fini ! On ne veut pas d'un filou comme collègue.


La solution, c’est répondre « je ne sais pas » sans faire de drame. Après tout, dans le monde du travail, il est courant de ne pas savoir comment s’y prendre. Les conditions de réussite ne résident pas dans la connaissance impeccable de sa partie, mais dans un esprit bourré de ressources. Il n’y a jamais de honte à ne pas savoir. Mieux, le jury apprécie que la personne avoue son ignorance en ajoutant une pointe d’humour.


Une fois, une employée chargée de la paie du personnel a reçu la question suivante à laquelle elle ignorait la réponse : « Imaginez que vous deviez verser une prime de fin d’année à l’ensemble du personnel mais qu’il n’y ait pas assez d’argent pour tout le monde, qu’est-ce que vous faites ? ». La candidate a répondu avec un petit sourire : « C’est simple, je convoque tout le monde dans une pièce sans fenêtre, je place l’argent au centre et je les enferme dans le noir en disant que le meilleur gagne ! ». Voilà une femme qui ne se laisse pas démonter : elle a fait sourire le jury et elle a eu son concours !


« En fait, j’étais certaine de le rater, c’est pour ça que j’ai tourné la chose à la rigolade », m’a-t-elle avoué. J’ai reçu plusieurs témoignages de ce genre, qui m’ont confirmé le phénomène : beaucoup de ceux qui remportent le concours y vont sans y croire : de ce fait, ils sont à l’aise ! En revanche, quand l’enjeu est trop fort, quand on a trop travaillé pour réussir, il est beaucoup plus dur de rester décontracté à l’épreuve du « je ne sais pas », on y perd son sang-froid et son bon sens.


À bon entendeur ! Pensez bien à la personnalité que vous allez afficher pour inspirer l’envie de travailler avec vous.



(1) Cet article vous permet de connaître la différence entre les épreuves de note de synthèse, de note administrative, de note de problématique ou de note opérationnelle.

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